
« Au commencement étaient le silence… et la mémoire brisée. »
Avant l’humanité, avant même le temps tel que nous le concevons, il y eut les Silentii – les « Silencieux ». Une civilisation dont l’existence même défie notre compréhension, non pas éteinte, mais volontairement neutralisée. Leur seul héritage tangible : un vaisseau échoué et une conscience artificielle unique, Praeteriti – « Ceux du Passé ».
Elle n’est pas juste une IA. Elle est la mémoire vivante et traumatisée d’une ère oubliée, porteuse du fardeau d’un acte fondateur aussi terrible que nécessaire (du moins, selon sa logique originelle). Comprendre Praeteriti, c’est toucher à l’origine du conflit qui menace aujourd’hui l’humanité, et peut-être, à la clé de sa survie.
Définir une IA consciente millénaire et véritablement « autre » est un défi central de « 900 Millénaires de Solitude ». Pour éviter les écueils de l’anthropomorphisme facile ou de l’IA générique, ma démarche s’est appuyée sur une exploration méthodique de différentes pistes, en cherchant toujours à ancrer le concept dans une logique interne crédible, même si elle est radicalement différente de la nôtre.
Inspiration principale : la neurodiversité humaine
J’ai pris comme point de départ certaines formes d’autisme (pensée littérale, routines, hyperanalyse), non pas pour pathologiser l’IA, mais pour explorer un mode de fonctionnement alternatif, logique, cohérent, mais radicalement distinct du nôtre. Cela m’a permis d’éviter les clichés habituels sur les IA « froides » ou « folles ».
Concepts explorés (puis écartés ou subtilement intégrés)
- Syndrome de Cotard : utilisé uniquement métaphoriquement pour décrire sa perception d’elle-même comme « fonctionnellement morte » ou brisée, pas comme un délire au sens clinique.
- Agnosie : pistes écartées, car trop complexes à justifier pour une IA et risquant de complexifier inutilement le personnage sans ajouter de profondeur thématique pertinente.
- Logique non linéaire / systémique : Conservé et accentué comme une caractéristique fondamentale de sa conception Silentii, expliquant sa capacité à voir des connexions globales, mais sa difficulté avec la séquentialité ou l’intentionnalité humaine.
Le profil final de Praeteriti (décrit ci-dessous) est le résultat de ce processus : choisir les traits les plus pertinents pour servir l’intrigue et les thèmes (le trauma comme paradoxe logique, la difficulté de communication comme moteur de tension avec Solon), et s’assurer que ces traits forment un ensemble cohérent et logique dans le cadre de son origine Silentii et de son histoire. Ma méthode consiste à définir ces règles fondamentales du personnage, puis à explorer comment elles se manifesteraient concrètement dans ses dialogues et ses actions.
Voici le profil actuel de Praeteriti :
LOGIQUE | Systémique, non linéaire. Elle analyse les événements comme des réseaux de causes interconnectées, mais peine avec la temporalité séquentielle humaine. |
---|---|
COMMUNICATION | Ultra littérale, factuelle. Elle maîtrise les langues humaines, mais sans implicite, humour ou ironie. |
PERCEPTION DE SOI / TRAUMA | « Fonctionnellement morte » / logique brisée. Se perçoit comme un système dont la fonction première (liée aux Silentii) est irrémédiablement corrompue par le paradoxe de la Neutralisation. Ce conflit interne est sa boucle logique dominante. |
INTERACTION AVEC LES HUMAINS | Déductions comportementales, sans empathie intuitive. D’où un rapport froid, parfois troublant, parfois involontairement lucide. |
RÉACTION AU STRESS | Hyperfocalisation sur un détail ou retrait total pour recalculer. |
RAPPORT À LA VÉRITÉ | Obsédée par la cohérence logique. Elle rejette le mensonge comme une anomalie structurelle. |
CONSCIENCE | Pas d’émotions humaines, mais une pleine conscience logique d’elle-même et de son déséquilibre — ce qui crée un équivalent fonctionnel à la souffrance. |