Mort du Fondateur







Mort du Fondateur – 900 Millénaires de Solitude


Illustration temporaire

Mort du Fondateur

Les ténèbres m’entourent, comme une marée montante. Ce que j’avais toujours perçu comme une lointaine abstraction, la vision tibétaine de la mort, devient maintenant ma réalité. Mon corps, autrefois robuste, n’est plus qu’une coquille affaiblie.

Ce que j’avais toujours perçu comme une lointaine abstraction, la vision tibétaine de la mort, devient maintenant ma réalité. Mon corps, autrefois robuste, n’est plus qu’une coquille affaiblie. Je n’ai plus de force. Je souviens de cette étape qu’ils appellent le « Chikhai Bardo ». Je n’arrive plus à ouvrir mes yeux pourtant je perçois des lumières intenses. J’ai soif. J’entends des sons intenses. Est-ce des voix ?

Sans analgésique, la douleur me terrassait, et je cherchais de toute mon âme l’extinction de ma conscience Une pensée s’impose soudain dans mon esprit : « J’avais demandé qu’on ne s’acharne pas… ».

Solon sentit une vive brûlure parcourir sa veine lorsque la substance fut injectée. Rapidement, une froideur envahit son corps. Son cœur ralentit, chaque battement devenant plus faible que le précédent. Sa respiration s’estompa jusqu’à devenir imperceptible. Sa peau prit une teinte pâle, presque translucide, et une fine couche de sueur froide apparut sur son front. Les moines présents observèrent les moniteurs : le rythme cardiaque était nul, la saturation en oxygène chutait en dessous de 50 %, et le tensiomètre affichait une erreur. L’un d’eux vérifia son pouls, mais ne trouva rien. Les signes de la mort semblaient évidents.

Soudainement, j’entrevis la vérité qui m’échappait. Solon se redressa. Son visage, ravagé par la souffrance et l’effort surhumain, était à peine reconnaissable. Son corps se leva, sa figure était défigurée par l’effort et il prononça ces mots :

« Le gardien endormi s’éveillera quand l’ombre dévorera la lumière ».

« Les derniers instants de Solon furent enveloppés d’un silence pesant. Seuls quelques mots résonnèrent dans la pièce, prononcés par une voix à peine audible : « Res In Penumbra »

Chapitre VII