Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve







Là où croît le péril – 900 Millénaires de Solitude


Illustration temporaire

Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve

À chaque pas, une mélodie sourde, celle des cauchemars de leur enfance, résonnait dans leurs têtes : les pleurs des enfants, les cris des innocents, le fracas des explosions. La Terre, autrefois florissante et pleine de vie, avait été réduite au silence par une force bien plus grande, bien plus puissante que tout ce que l’humanité avait pu imaginer.

Sara et Ethan avançaient avec précaution sur le pavé disjoint où des fougères s’étaient frayé un chemin, créant une moquette verte et luxuriante sous leurs pieds. Les lianes, tels des serpents végétaux, s’étaient enroulées autour des façades, se faufilant dans les moindres interstices et engloutissant les balcons. Les fenêtres des maisons, autrefois transparentes, étaient masquées par des rideaux de mousse épaisse et des cascades de capucines aux teintes flamboyantes.

Des glycines, avec leurs grappes violettes, pendaient lourdement des corniches des immeubles, tandis que des arbustes sauvages, comme les sureaux et les églantiers, poussaient à même les trottoirs, leurs baies offrant une touche de couleur dans ce tableau effrayant. Des arbres, probablement des érables ou des chênes, avaient germé dans des coins improbables, leurs branches s’étendant vers le ciel à travers des toits effondrés.

C’est sur le sol, que Sara et Ethan remarquèrent des tracés délicats de camomille sauvage, ses petites fleurs blanches et jaunes contrastant avec le vert sombre des mauvaises herbes. Par endroits, des tapis de mousse épaisse, douce sous leurs pieds, leur donnaient l’impression de marcher sur un autre monde. Ils furent particulièrement intrigués par une variété de champignons phosphorescents qui éclairaient par endroits l’obscurité, tels de petits lampadaires naturels. Cette invasion végétale, bien qu’étourdissante dans sa diversité, ajoutait à la mélancolie du lieu, rappelant la précarité de la présence humaine face à la puissance indomptable de la nature.

Une mélodie familière s’éleva dans l’esprit de Sara, résonnant comme un écho lointain du passé. Les paroles défilèrent silencieusement dans son esprit :

Tombent les années-lumière  
sur les saisons prisonnières.  
Mais un jour, tomberont les années d’haine  
sur les saisons qui s’enchaînent,  
au nouveau jour.
  

Chapitre XIV