INRI







INRI – 900 Millénaires de Solitude


Illustration temporaire

INRI

Prologue

Le vent souffle violemment, charriant des fragments du passé. Des particules de souvenirs, des échos d’une époque révolue. Les pieds épuisés d’un homme foulent le sol poussiéreux d’une colline désolée. La faim tire ses entrailles, et son visage parcheminé par le soleil témoigne d’un désespoir qui n’a d’égal que sa détermination à avancer.

Je monte péniblement la colline, ignorant l’horreur à venir. Une lueur surnaturelle m’entoure, testament d’une invasion venue d’ailleurs. Mon esprit est vide et j’avance pour survivre, j’avance pour fuir, j’avance sans but. Quelle année, quel jour ? J’ai oublié depuis longtemps. Cette douleur au ventre accapare presque toute mon attention et me rappelle que je dois trouver quelque chose à manger rapidement.

Dans un effort surhumain, je tente de me remémorer l’avant. Il m’arrive de douter de ces images qui remontent à la surface et qui montrent une utopie, un rêve, un désir, une paix, une beauté. La faim altère mes pensées, je dois manger !

Il me semble apercevoir des structures au loin. La chaleur est si intense que l’air lui-même semble onduler, distordant la réalité. Nous avons été avertis. La Terre, victime de notre ignorance, est devenue une serre étouffante. Nous refusons la réalité et acceptons les chimères, c’est le grand paradoxe humain.

Au sommet de la colline, un panorama sinistre s’étend à l’infini. Une forêt de croix dressées, semblables à des ombres menaçantes, parsème le paysage. Sur chacune, un corps de supplicié est cloué, comme un trophée, témoignant de la brutalité d’une nouvelle ère. Une époque où les humains ne sont plus les maîtres de leur destin, mais de simples pions dans un jeu beaucoup plus vaste.

La terre portait la souillure de cette mort atroce qui avait frappé hommes, femmes, et enfants.

Je vacille, je trébuche, ma vision s’embrouille, le peu d’énergie qu’il me reste disparaît. Une mise en scène apocalyptique, une punition à grande échelle pour nous rappeler qu’ils sont les maîtres et que les esclaves que nous sommes ne doivent jamais oublier leur statut.

J’avance parmi les croix de bois. Ils ont choisi ce supplice pour que la mort soit lente et douloureuse, non pour nous humilier comme le faisaient nos ancêtres. C’est un autre avertissement.

Ils nous crucifient nus pour révéler notre nature bestiale. L’horreur et la peur me poussent à marcher plus vite. Mon regard n’arrive pas à se détacher de ces corps déchus : ils sont comme des tournesols en automne, figés dans l’éternité, tous tournés dans la même direction

J’arrive au centre de ce qui est la colline des lamentations et des ombres silencieuses. Les croix se dressent comme un mémorial à notre fin, et au milieu, une croix majestueuse. Un squelette y pend, son crâne tourné vers les cieux qu’ils contrôlent désormais. Je peux distinguer sur une plaque aux lettres à l’envers ce mot : INRI. J’en connais le sens : Imperator Nunc Ruinus Interitus.

Chapitre I